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The pretender
Auteur: Sanae
Chapitre 1 : Une rencontre un peu spéciale.
Ca y est, il l’avait fait. Wakabayashi
Genzô avait joué le « méchant » pour faire prendre conscience à
l’équipe que leur jeu actuel ne suffirait pas pour survivre en Europe. Ses coéquipiers
n’étaient vraiment pas contents, c’était facile à comprendre, il les
avait blessé dans leur fierté, et la fierté il en connaît un rayon sur le
sujet. Le plus rebroussé était sans doute Hyuga, mais il finira par comprendre
tôt ou tard les raisons de la conduite de SGGK.
Le capitaine de l’équipe, Tsubasa Ohzora, l’avait rejoint dans
un parc, à l’abri des regards indiscrets. Là, le gardien s’expliquait,
mais ce que tous deux ignoraient, c’est que quelqu’un les observait : Kôjiro
Hyuga.
La discussion entre les deux meilleurs amis et rivaux fut vite
interrompue par l’arrivée d’une jeune fille. Elle était en piteux état et
semblait fuir quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Les deux jeunes gens ne
tardèrent pas à s’en assurer, trois hommes habillés en noir surgirent. La
jeune fille leur fit face, ils étaient armés.
-
Il est temps de rentrer, tu vas nous
suivre bien sagement.
-
Jamais je ne retournerai là-bas, plutôt
mourir ici et maintenant ! Leur répondit elle.
-
Ca, ça peut encore s’arranger,
malheureusement, on nous a demandé de te ramener vivante.
Tsubasa et Genzô ne comprenaient pas ce qu’il se passait devant
eux, ces gens parlaient une langue qu’ils ne maîtrisaient pas complètement :
l’anglais. Ils en comprirent suffisamment pour en conclure que la jeune fille
était en mauvaise posture. Aussi, décidèrent-ils d’intervenir. Genzô se
mit devant la jeune inconnue et Tsubasa s’assura qu’elle allait bien.
-
Dégage gamin, cette fille est à nous,
ne te mêle pas de ça ! dirent-ils en pointant leur arme sur Genzô.
-
Elle ne veut pas aller avec vous,
laissez là tranquille ! Répondit il dans un anglais quelque peu défectueux
mais compréhensible. Les hommes se firent plus pressant.
-
Wakabayashi-kun… s’inquiéta le
capitaine. Il n’en fallut pas davantage à la jeune fille pour comprendre la
nationalité de ces deux inconscients.
-
Arrêtez, je ne les connais pas, ils
n’ont rien à voir là-dedans !! dit-elle en s’interposant entre
Wakabayashi et les hommes. Puis se retournant vers les deux japonais : Ne
vous mêlez pas de ça ! Allez vous en ! hurla-t-elle dans un japonais
parfait, à la grande surprise des deux intéressés.
-
Tais toi idiote ! dis l’un des
hommes en la giflant si fort qu’elle tomba à terre. Genzô souleva délicatement
la jeune fille.
-
Allez vous en, s’il vous plaît… dit
elle en japonais avant de perdre connaissance.
C’est ce moment que choisit Kôjiro pour intervenir.
-
J’ai appelé les flics, vous feriez
mieux de vous barrer, baragouina-t-il dans un anglais enfantin.
-
Hyuga… chuchota Wakabayashi.
-
Vous ne savez pas dans quelle histoire
vous venez de vous embarquer, on la récupérera tôt ou tard alors gagnons du
temps et rendez-là nous.
Voyant que les jeunes gens n’avaient nullement l’intention de
faire ce qu’ils disaient, les hommes en noir partirent.
-
Comment va-t-elle ? demanda Kôjiro.
-
Elle a perdu connaissance, elle est bien
amochée, répondit Tsubasa.
-
On ne va pas la laisser là, on l’emmène
avec nous au dortoir. C’est trop risqué de la laisser dans un hôpital,
c’est là que ces hommes commenceront à la chercher, dit Genzô.
Genzô prit l’inconnue dans ses bras, et ils partirent tous en
direction de leur dortoir.
Chapitre 2 : Qui es-tu ?
Deux jours s’étaient écoulés depuis cette fameuse rencontre. La
jeune fille reposait dans une salle proche de l’infirmerie du dortoir, elle
n’avait toujours pas repris connaissance. Les trois footballeurs qui
l’avaient recueillie avaient fait promettre au docteur de ne pas dévoiler la
présence de cette inconnue à qui que ce soit, pas même au reste de l’équipe.
Seul l’entraîneur et le docteur étaient dans la confidence.
A deux semaines du match contre la terrible équipe du kaiser
allemand, Karl Heintz Schneider, Kôjiro, Genzô et Tsubasa continuaient leur
entraînement quotidien. Cet après-midi, Genzô décida d’aller rendre visite
à la blessée, après son entraînement, comme il l’avait fait la veille.
Celle-ci n’avait toujours pas repris ses esprits et dormait d’un sommeil
agité.
-
Je ne veux pas… laissez moi…
murmurait elle. Genzô ne comprenant pas ce qu’elle disait en anglais,
s’approcha davantage de son chevet. La jeune fille ouvrit soudainement les
yeux.
-
Ne t’inquiète pas, tu es en sécurité
ici, lui dit-il simplement. Elle ne répondit pas, elle se contenta de se
redresser pour s’adosser un peu, et observa longuement la pièce dans laquelle
elle se trouvait.
La jeune fille se leva alors de son lit, ce qui fit teinter les
joues du gardien d’un rouge rosé, en effet, elle ne portait qu’une
chemisette lui arrivant au dessus des genoux, laissant apparaître ses longues
jambes. La vue fut de courte durée, Genzô la vit tituber, et il dut aussitôt
la rattraper.
-
Laisse moi partir, ils viendront me
chercher, se contenta-t-elle de dire.
-
Tu n’iras nul part dans cet état, tu
as besoin de te reposer, tu es à l’abris ici.
-
Tu ne comprends pas, toi et tes amis
serez en danger tant que je resterais ici…
-
On avisera à ce moment là, lui dit il
en souriant. Il l’aida à se recoucher.
Elle préféra rester adossée, Genzô n’insista pas davantage.
Il en profita pour l’observer un peu plus. Elle avait la peau si blanche,
typiquement asiatique. Pourtant elle avait de grands yeux bleu-gris, un style
plutôt occidental. Ces yeux… Il n’avait jamais remarqué qu’ils étaient
si inexpressifs, ils étaient comme recouverts d’un fin film les voilant, ils
ne retranscrivaient aucune émotion. Une froideur et une indifférence assez
terrifiantes émanaient d’elle.
Elle tourna lentement la tête vers ces yeux qui la fixaient si
attentivement, Genzô pris en flagrant délit détourna la tête, gêné, avant
d’essayer d’entamer une discussion avec elle.
-
Quel est ton nom ?
-
… Elle le regardait fixement sans répondre.
-
Ses yeux sont incroyables, on dirait
qu’elle ne fait que me traverser du regard, comme si je n’existais pas… Tu as raison, ce n’est pas bien de poser des questions sans s’être
présenté : Je m’appelle Genzô Wakabayashi, et toi ?
-
… Ange, finit elle par répondre en détournant
son regard du sien.
-
Enchanté Ange, comment se fait-il que
tu parles si bien le Japonais ?
-
Moins tu en sauras sur moi, mieux ce
sera. Cette fois-ci, la réponse ne se fit pas attendre. Elle ferma les yeux et
tourna la tête vers la fenêtre, comme pour mettre fin à la conversation.
-
Comme tu veux.
Les deux jeunes gens furent rejoints par Tsubasa et Kôjiro, venus
aux nouvelles. Genzô fit les présentations, mais Ange ne décrocha plus un mot
et se contenta de hocher de la tête avant de regarder à nouveau par la fenêtre.
Les footballeurs ne s’attardèrent pas davantage, le médecin arriva et leur
conseilla de la laisser se reposer encore un peu pour la journée. Ils retournèrent
rejoindre leur coéquipiers qui les attendaient pour faire une sortie en ville :
quartier libre pour visiter Berlin.
Chapitre 3 : Un rival peu ordinaire
Une semaine avait passé, tout était calme. Ange s’était complètement
remise de ses blessures, elle avait une capacité de récupération assez étonnante
d’ailleurs. Elle passait ses journées à regarder par la fenêtre, elle ne
quittait pas sa chambre. Genzô, Kôjiro et Tsubasa venaient régulièrement lui
rendre visite pour lui tenir compagnie, malgré son indifférence impénétrable.
Un matin, Genzô décida d’aller voir Ange avant l’entraînement
matinal. Celle-ci, comme à son habitude, était assise près de la fenêtre, le
regard plongé dans le vide.
-
Bonjour Ange, tu es bien matinale !
Elle ne répondit pas, elle se contenta de tourner la tête vers la personne qui
lui adressait la parole.
-
Et si tu sortais un peu d’ici
aujourd’hui, pourquoi ne pas venir assister à l’entraînement ?
-
L’entraînement de football c’est ça ?
Je ne veux pas sortir, au risque de me faire repérer et vous attirer des
ennuis.
-
Je te propose quelque chose… [Genzô
s’approcha de la jeune fille et lui posa sa casquette sur la tête] … si tu
te fais passer pour un garçon, il n’y aura pas de problème, qu’en dis-tu ?
La jeune fille réfléchit un instant. Puis, elle enleva la
casquette et la posa près d’elle. Elle remonta ses longs cheveux châtains
clairs et remit la casquette, là voilà avec une vraie coupe à la garçonne.
-
Je vais te chercher des vêtements plus,
euh…, mecs ! Un jogging ira très bien.
Elle regarda le jeune homme partir. Il revint quelques minutes plus
tard avec des pantalons et un t-shirt large Adidas. La jeune fille commença à
se déshabiller. Surpris, Genzô se retourna rapidement :
-
Je… euh… je reviens dans 5 minutes,
le temps que tu te changes ! dit-il en se dirigeant vers la porte d’un
pas pressé.
Ange n’y prêta gère attention et continua de se changer.
Quelques minutes plus tard, le gardien réapparut au seuil de la porte, un peu
rouge. Quand il osa enfin la regarda, il crut voir un garçon. Ses beaux yeux et
ses longs cheveux clairs étaient cachés sous sa casquette, et les vêtements
étaient si larges qu’ils ne laissaient pas transparaître ses formes féminines.
-
Je suis « prêt », on y va ?
dit Ange en employant un Japonais typiquement masculin, sous le regard ébahi de
Genzô.
Les autres s’entraînaient déjà, y compris Tsubasa et Kôjiro.
Ces deux-là ne reconnurent d’ailleurs pas Ange sous son accoutrement, c’était
plutôt bon signe, ils ne lui prêtaient guère d’attention, pensant que c’était
un journaliste ou un rival en manque d’espionnage « industriel ».
Ange partit s’asseoir sur le banc des remplaçants, et Genzô
rejoignit ses coéquipiers sur le terrain. Elle observa attentivement l’entraînement,
comme si elle voulait s’en imprégner. Elle ne laissa passer aucun détail,
analysant avec précision le jeu individuel de chacun des joueurs présents.
Pendant une pause bien méritée, Ryo Ishizaki alla trouver cet
inconnu qu’il avait vu arriver avec SGGK, alors que celui-ci, ne l’ayant pas
vu, continuait à s’entraîner à recevoir les tirs de Tsubasa.
-
Hey, salut ! Tu es un pote de
Wakabayashi ? Ca te dirait pas de venir taper le ballon un peu avec nous ?
Ayant remarqué qu’Ishizaki discutait avec Ange, inquiet, Genzô
s’était approché et avait entendu la proposition du joueur.
-
Laisse tomber Ishizaki ! lui
cria-t-il.
-
Ouais, pourquoi pas… se contenta de répondre
l’inconnu.
-
C’est quoi ton nom ? demanda le
farceur de service.
-
Tu peux m’appeler An, ça suffira.
-
OK. Alors An, à quel poste veux-tu
jouer ?
-
An, je ne crois pas que ce soit…
s’avançait à dire Genzô, mais la jeune fille ne le laissa pas finir.
-
Milieu de terrain offensif, dans l’équipe
de Wakabayashi.
-
Comment connaît-elle des termes si spécifiques
au football ? pensa le gardien.
-
OK, allez les gars on y retourne et on
accueille notre invité comme il se doit !
Ange s’apprêtait à suivre le groupe quand Genzô lui saisit le
bras :
-
Qu’est-ce que tu cherches à faire ?
Tu n’es pas obligée de jouer le jeu jusque là tu sais, laisse tomber !
lui demanda-t-il.
-
Qui ne tente rien n’a rien… ce fut là
ses seuls mots en guise de réponse, elle se défit de l’étreinte et alla
rejoindre ses coéquipiers d’une partie.
Le coup d’envoi était à l’équipe de Genzô. Tsubasa et An
lancerait le début de la partie. Tsubasa observa longuement celui qui allait être
son partenaire pour les prochaines minutes, Misaki avait laissé sa place. Quand
An répondit à son regard interrogatif en se tournant vers lui, Tsubasa crut
reconnaître la jeune fille, mais il finit par nier cette idée. Kôjiro se
trouvait dans l’équipe adverse, dont le gardien n’était autre que Ken
Wakashimazu.
Le match commença par des une-deux répétées entre An et
Tsubasa, d’ailleurs ce dernier avait du mal à le croire, comme avec Misaki
lors de leur première rencontre, ils jouaient en parfaite harmonie. Misaki
soutenait le nouveau duo sur l’aile gauche, An en profita pour lui faire un
passe. Une fois plusieurs adversaires débordés, l’artiste des terrains
centra à nouveau sur le duo, centre que récupéra Tsubasa sans problèmes.
Voyant Sawada et Misugi arriver pour le tacler, le capitaine japonais fit une
passe à An. Seulement cette fois-ci, Kôjiro se trouvait là pour stopper leur
course. An ne se laissa pas impressionner, et, comme si de rien n’était, exécuta
un « Santana Turn », dont elle avait eu une démonstration par
Tsubasa plutôt. Kôjiro fut doublé sans difficulté, à la grande surprise générale.
Arrivée à la limite de la surface de réparation, An n’essaya même pas
d’avancer plus près et tira. Ken Wakashimazu ne put rien faire face à ce tir
très proche du « Sky driving shoot » de Tsubasa, mais en plus
perfectionné, il était battu.
Tout le monde s’approcha du prodige.
-
Ouaaah, t’es vachement doué !
hurla Ryo Ishizaki en lui sautant sur le dos
-
Tu joues souvent au foot ? demandèrent
plusieurs joueurs.
-
Pas vraiment… se contenta de répondre
An.
-
Hey, si t’enlevais ta casquette,
qu’on te voit mieux…
An, prise de court, n’eut pas le temps d’éviter le geste du
joueur qui lui retira la casquette, laissant tomber une magnifique chevelure,
sous les yeux terrifiés de SGGK.
-
Une… une fille ?! s’écrièrent
les joueurs à l’unisson.
Tsubasa et Kôjiro furent encore plus surpris de reconnaître leur
protégée, Ange.
-
Laissez là respirer les gars, cria Genzô
en essayant de créer un espace parmi la foule qui entourait la jeune fille.
-
C’est quoi cette histoire Wakabayashi ?
Qui est cette fille ? questionna Ryo. Ange ne répondait pas, toujours
aussi inexpressive, elle se contenta de tourna la tête en baissant les yeux.
-
Je vous expliquerai plus tard, mais
personne ne doit savoir qu’elle est avec nous ok ?
-
Attends, c’est trop facile de s’en
tirer comme ça, tu as vu comment elle joue au foot ??? dirent certains qui
visiblement étaient trop pressés de connaître l’histoire.
Ne voyant pas la fin de la discussion, Ange se mit à courir, comme
pour fuir quelque chose. Genzô ne tarda pas à la suivre.
-
OK les gars, on va vous raconter ce
qu’il s’est passé… commencèrent Kôjiro et Tsubasa.
Ange courrait dans les couleurs du dortoir pour regagner cette pièce
qui était devenue sa chambre depuis quelque jours. Arrivée à destination,
elle fut aussitôt rejointe par le gardien.
-
Je ne voulais pas que ça arrive…
-
Ce n’est pas de ta faute, ils
l’auraient su tôt ou tard, ce n’est peut être pas plus mal comme ça, ils
savent garder un secret. Tu joues drôlement bien, où as-tu appris ?
-
…
-
… d’accord, tu parleras quand tu en
auras envie, se contenta de dire le gardien en souriant.
Voyant que la jeune fille ne réagissait toujours pas, il décida
de rejoindre ses coéquipiers pour régler cette histoire une fois pour toute.
Une fois qu’il eut passé la porte de la chambre, Ange tomba à genoux et mit
ses mains sur le visage :
-
Je ne peux pas lui dire… Je dois
partir au plus vite d’ici…
Le jour J du match contre l’Allemagne
approchait inexorablement, aussi les entraînements des samouraïs japonais
redoublèrent d’intensité. Le club des supporters de l’équipe du pays du
soleil levant arrivèrent en fin d’après-midi, avec Sanae Nakazawa à leur tête,
afin d’encourager leurs représentants lors de cette fameuse rencontre.
Sanae n’eut pas la patience d’attendre la fin de l’entraînement
pour quitter son hôtel et retrouver l’homme de sa vie. Elle arriva en
quelques minutes au stade d’entraînement de l’équipe nippone, qui s’apprêtait
à démarrer une nouvelle partie.
-
Tsu-ba-sa !!!!! hurla-t-elle en
sautant sur le dos du capitaine qui s’apprêtait à donner le coup d’envoi.
Celui-ci en tomba à la renverse, avec la jeune fille dans ses bras.
-
Sa… Sanae ?? dit-il, surpris.
-
Toujours aussi énergique la chef !
se moqua Ryo Ishizaki.
-
Hoho… serais-tu jaloux mon cher
Ishizaki ? lui demanda la jeune fille.
-
N’im…n’importe quoi !!
rougit-il.
-
Sanae… je suis content de te voir
mais… nous n’avons pas fini l’entraînement… réprimanda le capitaine,
sous les rires de toute l’équipe.
-
D’accord, d’accord, je
t’encouragerai du banc de touche ! dit la jeune fille en se relevant,
laissant son capitaine adoré se remettre sur pieds par la même occasion.
Alors que Sanae s’en retournait au banc de touche, Genzô la
retint par le bras et la prit à part, à l’abri des regards indiscrets.
-
Anego, je voudrais te présenter
quelqu’un plus tard si ça ne te dérange pas, tu pourras peut être l’aider
toi… dit le gardien.
-
Très bien Wakabayashi, répondit Sanae
avec un regard interrogateur. Mais SGGK n’en dit pas davantage et retourna
s’entraîner.
L’entraînement se termina en bonne et due forme, Sanae
encourageait les joueurs, en réprimandait certains, comme elle l’avait
toujours fait avec l’équipe de Nankatsu, après tout, les bonnes habitudes ne
se perdent pas si facilement. Une fois les joueurs douchés et changés, Genzô,
Tsubasa et Kôjiro emmenèrent Sanae trouver la personne qu’ils abritaient déjà
depuis près de deux semaines.
Quand ils arrivèrent dans la pièce, Ange se trouvait comme à son
habitude près de la fenêtre. Elle tourna la tête vers ses visiteurs, les
observant toujours avec ce même regard qui en ferait frissonner plus d’un.
D’abord un peu surprise par la présence de cette jeune fille
dans un dortoir de garçons, Sanae s’avança finalement vers elle et prit sa tête
entre ses mains pour l’observer de plus près. Ange se laissa faire
docilement, sans un mot. Après quelques instants, Sanae relâcha la tête de la
jeune fille et s’assit près d’elle.
-
Quel est ton nom ?
-
Ange…
-
Enchantée Ange, je m’appelle Sanae
Nakazawa, mais tu peux m’appeler simplement par mon prénom.
-
Anego, Ange est… commença Kôjiro
mais la manager de Nankatsu le stoppa net d’un signe de la tête.
-
Hmm hmm, ne me dis rien, je ne veux rien
savoir de votre bouche mais de la sienne uniquement, dit elle en s’adressant
aux trois jeunes joueurs.
Puis se tournant vers Ange, elle lui passa une main sur ses cheveux
et lui adressa un sourire plein de tendresse, sourire qu’elle réservait
exclusivement à Tsubasa habituellement.
-
N’est-ce pas Ange ? Tu me diras
ce que tu as envie que je sache, quand le moment sera venu.
Ange ne répondit pas, elle se contenta de regarder avec attention
cette jeune fille, Sanae Nakazawa, qui venait, sans même qu’elle ne s’en
rende compte, de commencer à prendre une importance capitale pour la suite de
sa vie au sein de ceux qui l’ont sauvée de ces hommes en noirs quelques jours
plus tôt. Mais cela, Ange ne le savait pas encore…
La nuit était tombée, Kôjiro et Genzô restèrent un peu avec
Ange, alors que Sanae entraîna Tsubasa à l’extérieur, l’emmenant au bord
du terrain.
-
Tsubasa, je suis si contente de te voir !
dit la jeune fille en se serrant tout contre lui.
-
Moi aussi Sanae… il répondit à son
étreinte.
-
Ange, elle n’a pas l’air d’avoir
un passé des plus gais… Son regard est si froid.
-
Je pense aussi, il faut essayer de
l’aider de notre mieux.
-
Tu peux compter sur moi, et elle aussi.
-
Je sais… sourit le jeune homme avant
de l’embrasser.
Pendant que les deux tourtereaux fêtaient leur retrouvailles, Genzô
et Kôjiro tenaient compagnie à Ange.
-
Demain on a quartier libre, le dernier
avant le match qui aura lieu dans 3 jours, on a décidé d’aller au parc
d’attractions avec l’équipe, tu viens avec nous Ange ? demanda Kôjiro
-
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…
-
Allons, tu ne vas pas rester cloîtrée
ici éternellement, il faut changer d’air un peu ! Tu pourrais changer
ton apparence physique, de façon à être méconnaissable, de toutes façons,
on sera avec toi, tu ne risques rien ! dit fièrement le gardien.
-
C’est justement parce que vous serez
avec moi que ce n’est pas une bonne idée… pensa-t-elle tout bas.
Chapitre 5 : Première sortie,
rencontre avec le Kaiser
Ce matin là, Sanae arriva plus tôt que d’habitude, et cette
fois-ci, elle portait un sac. Elle fit irruption dans la chambre d’Ange où
Genzô et Tsubasa se trouvaient déjà, embrassa son capitaine chéri en guise
de ‘bonjour’ et s’interposa entre Ange et les jeunes gens.
-
Bonjour tout le monde, je suis un peu en
retard, désolée ! Puis se tournant vers Ange, elle l’embrassa sur le
front et lui sourit : Bonjour Ange !
-
Je me demande vraiment comment elle fait
pour être si énergique de bon matin, dit Genzô à Tsubasa.
-
Je me le demande souvent aussi, rit le
capitaine.
-
Ce n’est pas un peu fini les
cachotteries ? Allez ouste ! dehors ! Ange doit se changer !
réprimanda-t-elle. Les deux footballeurs ne se firent pas prier, ils savaient
tous deux qu’il valait mieux ne pas énerver la chef des supporters.
-
Au travail Ange ! je t’ai amené
des vêtements, il est hors de question que tu sortes habillée en jogging !
Sanae ne perdit pas de temps et habilla Ange, celle-ci se laissa
faire docilement, comme une poupée à qui on changerait les vêtements. En
quelques minutes, Ange se retrouva vêtue d’une paire de jeans moulants, et
d’un joli débardeur blanc et noir, et pour terminer, une paire de baskets
noires Adidas . Après l’avoir changée, Sanae commença à lui peigner délicatement
les cheveux. Ange gardait une main sur la casquette que lui avait passé Genzô,
comme pour être sûre de ne pas la perdre.
-
Voilà j’ai fini. Je vois que tu ne
veux pas t’en séparer… sourit elle, en mettant la casquette sur la tête de
la jeune fille. Allons rejoindre les autres ! dit elle en traînant Ange
par la main.
Les autres attendaient les filles à l’entrée du dortoir, prêts
à partir pour le parc d’attractions. Ange resta cachée derrière Sanae. Tous
les regards se tournèrent vers Sanae, d’abord mécontents du retard pris,
puis quelque peu éblouis par la vue que leur offrait la jeune fille. Sanae revêtait
une jupe en jeans, lui arrivant bien au dessus des genoux, ainsi q’un débardeur
violet.
-
Hého !! un peu de calme, je peux
savoir ce que vous regardez ??? cria Tsubasa en se mettant devant Sanae
pour la cacher des regards de ses coéquipiers. Sanae ne put s’empêcher de
rire à chaudes larmes devant la réaction de son petit ami, qui en rougit
aussitôt.
-
Allons allons jeunes loups, je ne suis
plus disponible, dit-elle en glissant de manière féline ses mains autour du
cou de son capitaine. Puis, se retirant d’un coup : Ah, j’avais presque
oublié ! Messieurs, je vous présente mon chef d’œuvre du nom d’Ange !!
hurla-t-elle en mettant Ange à la vue de tous.
La surprise générale était à son apogée, c’était la première
fois qu’ils voyaient Ange dans une autre tenue que les vêtements sportifs que
lui prêtait Genzô, il fallait avouer que la tenue plus féminine qu’elle
portait aujourd’hui lui allait vraiment bien. Genzô remarqua qu’elle
portait toujours sa casquette, mais cette fois-ci, elle ne dissimulait pas sa
belle chevelure avec une coupe à la garçonne, ce qui n’était pas pour lui déplaire.
Sanae précipita un peu les choses, et prit Tsubasa par le bras
afin de motiver les autres à partir pour le parc, ce qu’ils firent tous. Genzô
sourit à Ange et suivit le groupe. La jeune fille s’agrippa à la manche du
gardien pour le retenir et baissa les yeux, ce qui surprit le jeune homme. Ange,
s’apercevant de son acte inconscient, relâcha prise aussitôt. Genzô sourit
et prit la jeune fille par la main : « On y va ! ».
Serait-ce son imagination ? L’espace d’un instant, d’un bref instant,
il crut voir le début d’un sourire se dessiner sur le visage de la jeune
fille…
Ils arrivèrent une demi-heure plus tard, au parc d’attractions
le plus en vogue d’Allemagne. S’en suivirent plusieurs attractions, Ange
suivait sagement le groupe mais regardait toujours autour d’elle, elle n’était
pas tranquille, et ne pouvait s’empêcher de regarder par dessus son épaule
pour s’assurer qu’ « ils » ne la suivaient pas. Alors que
les garçons s’apprêtaient à faire les autos tamponneuses, Ange alla trouver
Sanae.
-
Sanae… je vais me promener un peu du côté
du jardin d’animaux, je vous rejoindrai plus tard.
-
… c’est la première fois que tu
m’appelles par mon prénom, aaah t’es trop mignonne ! dit Sanae en lui
sautant dans les bras. OK je préviendrai les autres ! A plus tard !
Ange se promena seule, regardant bien tout ce qui se passait autour
d’elle. Elle devait se tenir éloigner du groupe, au cas où « ils »
reviendraient, afin que Genzô, Sanae et les autres ne soient pas mêlés
davantage à son histoire. Son regard s’arrêta sur une petite fille se
trouvant en hauteur, elle devait avoir une douzaine d’années, elle se
promenait avec un jeune homme, qui avait plutôt la vingtaine d’années. Deux
allemands, à en juger sur leurs apparences, un frère et sa petite sœur. Le
jeune homme était plutôt bel homme, blond, aux yeux bleus, avec un physique de
sportif. Elle vit la petite fille s’approcher du bord, elle s’appuya sur une
des barrières la séparant du vide, du niveau où se trouvait Ange et
d’autres visiteurs. La barrière céda sous l’appui de la petite fille, au
grand damne du grand frère qui n’arriva pas à temps pour l’empêcher de
tomber dans le vide. Ange n’attendit pas davantage et courut pour essayer de
la rattraper, elle réussit juste à temps, et serra la fille dans ses bras, la
protégeant ainsi du sol. Ange ne se rendit pas compte tout de suite qu’elle
ne portait plus sa casquette, tombée plus loin pendant sa course, son visage était
à découvert. Elle aida la petite fille à se relever, et le grand frère les
rejoint aussitôt.
-
Marie !! Ca va ? Tu n’as
rien ? s’inquiéta le jeune homme.
-
Grand frère, j’ai eu si peur !!
mais cette femme m’a sauvée ! répondit elle en pleurs.
-
Je ne sais comment vous remercier
mademoiselle. Vous n’avez rien ?
-
Je ne crois pas, répondit-elle en
allemand.
-
Attendez, je vais vous aider à vous
relever, proposa le jeune homme.
-
Ca ira… mais à peine sur pieds, elle
perdit l’équilibre, le jeune homme la rattrapa en passant un bras autour de
sa taille. Le repoussant un peu, elle dit : Je crois m’être foulée la
cheville, rien de bien grave.
Elle s’éloigna sans un mot des deux allemands, et ramassa la
casquette, qu’elle remit aussitôt, tout en regardant autour d’elle.
-
Cette casquette… elle ressemble à
celle de… Je m’appelle Karl Heintz Schneider, et elle,
c’est ma petite sœur, Marie.
-
Merci mademoiselle ! dit la petite
fille gaiement.
-
Je m’appelle Ange.
-
Laissez moi voir votre cheville, dit il
en la poussant à s’asseoir. C’est une entorse, il faut immobiliser le pied.
Tout en disant cela, celui qui se trouvait être le Kaiser du football allemand,
fit un bandage autour de la cheville de la jeune fille, avec une partie de son
t-shirt, qu’il avait déchiré.
Genzô arriva à ce moment, inquiet de ne pas revoir sa protégée
revenir.
-
Schneider !
-
Tiens, Wakabayashi, le monde est petit décidément.
-
Ange, qu’est-ce qui t’est arrivé ?
demanda-t-il en se tournant vers la jeune fille.
-
…
-
Elle a une petite entorse à sa cheville
droite, je lui ai fait un bandage temporaire, il faut soigner ça sérieusement,
dit le Kaiser. Allez, Wakabayashi, on se voit après demain, j’espère que ça
sera un beau match. Merci encore et à bientôt j’espère Ange.
Ange regardait Karl partir avec sa sœur sans dire un mot. Genzô
s’approcha d’elle :
-
Allez, monte sur mon dos ! Je vais
te porter jusqu’à la sortie et nous prendrons un taxi pour rentrer. Ange
s’exécuta sans discuter. Elle venait, sans le savoir, de faire la
connaissance du plus grand rival européen de SGGK.
Un peu plus loin, un homme observait la scène,
et ce, depuis le début. Il prit son téléphone et composa un numéro.
-
J’ai retrouvé le Caméléon et je
sais maintenant par qui il est protégé.
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