Fanfics

 Le champs des rêves

Auteurs originiaux : Saki et Aya

Traductrice de l’italien en français : Kari

Ce chapitre a été pour moi le plus triste jusqu’à maintenant, et j’avoue que j’ai pleuré !

XXIII : Se perdre

 [ France. Paris. Maison Misaki ]

Tarô se sentait vidé. L'indifférence de Laure, la guerre psychologique déchaînée de Pierre... et maintenant ce coup de téléphone qu’il ne voulait pas renvoyer. Il continuait à regarder téléphone. Le numéro de téléphone des Ozora était maintenant presque illisible sur la feuille où il l’écrivait avec tension.

Comme je peux lui dire que...
Le garçon se passa une main dans ses cheveux châtains encore humides.
Il ne pourra pas.

Il repensa au temps passé à Nankatsu avec Tsubasa. La légendaire golden combi semblait appartenir à une autre vie. Tsubasa avait toujours été le plus fort d’entre eux. Tarô s’en rendait compte maintenant plus que dans n'importe quel autre instant. Il n'aurait pas dû avoir peur de téléphoner, pourtant il sentait qu'avec peu mots il pourrait arraché du coeur de son ami quelque chose d'important. C’est vrai, Tsubasa avait toujours été la colonne de l'équipe, toujours prêt à ramasser pour lui les peurs et les incertitudes des autres et à les transformer en nouvelles stimulations pour aller en avant, ses paroles avaient le pouvoir de les faire se sentir capable de rejoindre n'importe quel objectif. Alors pourquoi ne réussissait-il pas à se décider à composer ce numéro ? Tsubasa aurait dépassé cela... il n'y avait pas de quoi se préoccuper...

Finalement il décida de téléphoner, ses doigts tremblants battirent sur les touches blanches... ensuite , une attente.

* * *

[ Brésil. Sao Paulo. Dortoirs ]

Tsubasa entendit la sonnerie de téléphone et il interrompit sa douche. Qui pouvait téléphoner maintenant ? Peut-être…

Il enfila rapidement un peignoir et prit le combiné.

- Allô ?

- Tsubasa ?

Il ne voulait pas reconnaître cette voix.

- Tarô !

Peut-être parce qu’il se sentait déçu... il s'était presque autoconvaincu que cette fois ce serait elle... peut-être pourquoi.

- Oui... salut Tsubasa

Il devait le lui dire sans tourner autour du pot... c’était la meilleure chose.

- Ah alors c’est toi ! Il me semblait bien avoir reconnu ta voix ! Mais quelle surprise, on ne s’entend pas souvent ! Alors Paris?

- Ah, c’est superbe ! Et ton équipe, ça va… ?

Idiot ! je devrai le lui dire maintenant... je lui ait téléphoné pour ça non ?

- Tu sais ici... le football est vraiment le sport national et le niveau est très haut... cette année nous visons le championnat national.
- Tu sembles heureux...

Tsubasa eut une légère hésitation, mais ce fut seulement un instant.

- Je suis enthousiaste, il y a tant de chose à apprendre... le football sud-américain est grand et ici je sens que je réaliserai mon rêve !

L'habituel Tsubasa. Pour un instant il lui avait semblé que son gaieté s’était éteinte... mais non, il avait l'habituel ton allègre au bout du fil. Tarô ne savait pas plus comment poursuivre, mais il ne pouvait maintenant plus attendre.

- Tu sais Tsubasa...

Le ton de Tarô était trop sérieux. Tsubasa s'en étonna.

- Quelque chose ne va pas ?

Les mots s’étaient étranglés dans sa gorge, ils ne voulaient pas sortirTarô prit un long soupir, déglutit.

- Tsubasa, tu sais... il y a quelques jours, Ishizaki m’a téléphoné.

- Ah, vraiment ! ?

Le champion de Sao Paolo se retint de poser l’unique question qui l’intéressait.

- Et comme va l'équipe ?

- Ce n’est pas vraiment de football dont je voulais te parler, mais de Nakazawa .

Tsubasa sentit son coeur manquer un battement. Il lui revint à l’esprit son rêve étrange...

Sanae enveloppée de bandes blanches... Sanae qui s’en allait sans se retourner...

Il chassa cette pensée  avec violence.

Tarô ne lui laissa pas le temps de répliquer. Il lui dit, brûlant et en un souffel la vérité comme lorsque il courait pour faire un contrepied.

Tsubasa ria. Il ria si fort qu’il sentit son estomac se nouer et sa gorge se dessécher.

Il ne le savait même pas pourquoi il riait, mais il ne réussissait pas à se retenir. On rit aux blagues, non ?

- Tsubasa ? As-tu entendu ce que je r’ai dit? Nakazawa est...

- Ca suffit !

Son hurlement déchira l'air.

- J’ai entendu ta plaisanterie Tarô, mais maintenant arrête de plaisanter, je ne sais pas pourquoi Ishizaki t’as dit ça mais ce n’est plus drôle.

Silence de l'autre côté du téléphone qui lui écorchait l’oreille.

- Tsubasa... je comprends que c’est une chose difficile à accepter, mais il faut que tu y croit, mais... tu dois chercher à aller de l’avant... je suis sûr que Sanae voudrait ceci et...

Les mots de Tsubasa coupèrent l'air vibrant de haine et de méprise.

- Et qu'est-ce que tu en sais hein ? ! Qu'est-ce que tu peut savoir de ce que veut Sanae ? ! Vous ne savez rien... RIEN !

Il raccrocha le téléphone avec rage. La chambre tournait autour de lui, comme devenu fou. Ce n'était pas possible, ce n'était pas vrai...

Il appela après tous ses copains, sa mère... mais tous continuaient à lui répéter cet odieux mensonge.

Il ne réussissait qu’à voir le visage de Sanae, ses yeux pleins qui savaient lui redonner confiance.

Il serra ses poings si forts qu’ils devinrent blancs et ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes, faisant couler du sang, mais il ne réussit plus à éprouver quelque chose. C’était comme si tour c’était bloqué, il ne supportait plus cette réalité étrange !

Elle était partie sans lui dire au revoir, mais il allait la rejoindre et ils se reverraient... comme toujours.

Et maintenant il découvrait qu’il était trop tard pour revenir en arrière... trop tard pour aller en avant...

Sanae...

* * *

Arrêtées tous les horloges, isolées les téléphones,
faîtes taire le chien avec un os succulent,
Vous fermez les pianos, et avec un bruit amorti
les portes, les fenêtres, s'accostent
en vous faisant mal.
Laissées larire et la joie qu’elle
écrivaitcomme un message dans le ciel

Elle Est
Morte,
dans des rubans blanc
qui s’enroulaient dans ses cheveux noirs
Elle était mon Nord, mon Sud, mon Est et
mon Ouest,
ma semaine de travail est terminée je me  repose le dimanche,
mon midi, mon minuit, ma langue, mon chant ;
je pensais que l’amour était eternel : et j'avais
tort.
Les étoiles ne servent plus à rien : éteignez les
toutes ;
emballé la lune et démonté le ciel ;
vidé l'océan et éradiqué les
forêt ;
parce que maintenant rien ne peut plus vivre.

Funeral Blues. W.H.Auden

 

* * *

[ Brésil. San Paolo. Résidence Hongo ]

- Il est encore enfermé dans sa chambre ?

Roberto se laissa tomber sur une chaise.

- Il refuse de manger... il ne veut pas me parler avec sa mère... je ne sais vraiment pas...

Amaya monta l'escalier lentement.

- C’est inutile... il t’ignorera !

La fille continua à monter sans se retourner.

La porte de la chambre était ouverte. Les rideaux fermés créés une obscurité artificielle. Amaya cligna des yeux en cherchant à s’habituer au noir. Tsubasa été agenouillé dans un angle, rigide et immobile. Il ne donna pas l ‘impression d'avoir aperçu la présence de la fille.

- je sais que tu m'as entendu entrer, donc il faudrait que tu me salues.

Le garçon ne bouga pas.

Elle était mon Nord, mon Sud, mon Est et
mon Ouest

Avec décision Amaya se diriga vers la fenêtre et tira les rideaux laissant la lumière de l'après-midi envahir la chambre, mais Tsubasa resta fermé dans son immobilité.

mon midi, mon minuit, ma langue, mon chant

Amaya s'assit face au garçon et lui effleura les mains, mais les yeux de Tsubasa restèrent fermés.

je pensais que l'amour était eternel : et j'avais
tort

- Morte.

Amaya mordit sa lèvre pour s’empêcher de crier. Face à elle il n’y avait plus Tsubasa, c’était comme s'il était avec cette fille.

-Tsubasa, je t’en prie.

Les yeux qui s'ouvrirent sur elle étaient vides et secs. C’était comme si le garçon ne la voyait pas, son regard la traversait.

Les étoiles ne servent plus à rien: éteignez les
toutes

- Morte.

Cet unique mot résonait dans la chambre, vibrant de haine.

Amaya refoula ses larmes. Elle savait. Elle savait déjà avant d'entrer dans cette chambre que Tsubasa aurait refusé de la regarder. Elle était semblable à l'autre, celle qu'il avait aimé. Pourtant elle n'avait pas pu s'empêcher de monter ce maudit escalier, d'entrer dans cette chambre qui lui était refusée.

Peut-être qu’il ne la regarderait jamais plus. Il l'aurait simplement rayé... de sa vie.

La fille serra les poings.

Elle la haïssait. Elle haïssait cette fille japonaise qui en s’en allant avait tout emporté avec elle. Comment aurait-elle pu rivaliser avec elle maintenant ? Le souvenir l’avait rendue parfaite, intouchable, impossible à atteindre.

Elle regarda le garçon agenouillé face à elle. Il avait serré de nouveau les paupières. De nouveau il l'avait exclu de son monde. Elle éprouva l'impulsion de s’échapper, de courir le plus loin possible de ce plancher, de cette chambre, de cette maison…de lui.

Elle inspira profondément. Le secret continuait à respirer. Les mots qui tant de fois lui avait rendus courage résonnaient dans son esprit. Tu dois lutter pour ce que tu veux, si tu ne vas pas sur le terrain, tu ne peux pas gagner. Aurait-elle jamais pu vaincre cette bataille ? Elle souffla profondément avant de de parler.

- Ton coeur continue à battre que tu le veuille ou non, ton sang continue à couler, tes poumons continuent à demander de l'air... maintenant tu dois seulement décider ce que tu veux faire de ta vie... parce que tu es encore vivant rappelles toi.

Le garçon ne réagissait pas. La fille se mordit la lèvre avant de continuer.

- Tu peux te cacher ici toujours, rester enfermé dans ton silence... ohh tous comprendrons que le pauvre petit Tsubasa a le coeur cassé ! Son grand amouron s’en est allé et sa vie est finie. Et bien tu ne me fais pas de peine ! Tu crois qu’elle serait fière de t’avoir ? Je crois qu'elle se demande comment diable elle a fait pour perdre tant de temps avec quelqu’un qui se rend aussi facilement...

Tsubasa leva brusquement la tête.

- C’est vrai! Je suis inutile, un faible ! Je sais que je devrais la suivre... avec quel courage la laisser aller toute seule ? ! Et je n’y réussit pas... je ne réussis pas ! Parce que ce stupide corps est toujours attaqué par la vie ? ! Chaque je respire, et je m’éloigne d'elle ! Alors pourquoi, pourquoi à respirer ? !

Lentement Amaya entoura les épaules de Tsubasa, lui effleurant les cheveux avec son souffle.

- Sanae a sacrifié toute sa vie pour... pour toi, pour ton rêve. Tu dois vivre, tu dois réaliser ce rêve... tu dois être courageux

Tu dois être courageux !

Tsubasa ouvrit ses yeux en grands... ces mots...

Ce n’était plus le souffle d’Amaya qui lui effleurait le visage... c’était Sanae qui parlait.

 

Tu es grand Ozora !

C’est inutile Wakabayashi ! Ozora te battra !

Hyuga si tu veutfaire du mal à Ozora tu auras affaire à moi !

Tu dois être courageux ! Tu es le meilleur !

Excuse moi,j’étais si concentrée à te passer les ballons que je ne me suis pas aperçue qu’il faisait si tard !

Ttu veras, tu réussiras et quand Hongo viendra, il sera fier de toi!

Tsubasa doit jouer ! Je vous en prie monsieur, ne le laissez pas sur le banc !

Promets moi que tu vaincras !

Tu dois être courageux... tu as du courage !

 

Il sentit ses yeux brûler. Les larmes qu’il avaient retenues glissaient, douloureuses sur son visage.

Les émotions qu’ils croyaient perdues le renversèrent, toujours.

- Sanae... Sanae !

Elle était mon Nord, mon Sud, mon Est et
mon Ouest

Tsubasa continuait à crier ce nom entre les larmes qui glissaient sans plus aucune retenue sur son visage.

Amaya serra contre elle le garçon, de toutes ses forces.

Elle ne l'avait jamais senti aussi lointain.

 

 

[Retour au fanfic "le champs des rêves"]